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Le manuscrit en langue latine découvert dans le présbytère de
Saint-Martin d'Oydes par l'évêque de Rieux à la fin du XVIIe siècle, est signé d'un clerc dénommé
Galtier, ou Gautier (Galterius) et s'adresse à un certain Pierre, sous-diacre
de l'Eglise de Saint-Martin d'Oydes et à son frère Bernard, ce
qui permet de le dater avec une bonne précision vers la toute fin
du XIe siècle ou plus probablement au tout début du XIIe.
Le document retrace la vie d'Anastase (vita Anastasi) et
l'évêque de Rieux en procure une copie à Mabillon qui le
publiera dans son recueil "Acta Sanctorum Ordinis Benedicti".
Ensuite, le texte est repris dans des rééditions diverses, notamment
par la société des Bollandistes
(voir le texte intégral en latin, pages 1125-1140 et notamment pages 1137-1138).
Une analyse fouillée du texte du manuscrit est proposée par M. Arnoux (1995).
Cette étude inclut notamment la traduction en français de larges extraits
du manuscrit, dont ceux qui nous intéressent ici
(voir une version numérisée du document,
notamment pages 55-56 et 64-70).
Voyons quels sont, dans cette étude, les points qui concernent la periode
où Anastase s'est retiré du monde dans les monts Pyrénées.
Arnoux précise d'abord le contexte général de ce séjour érémitique:
"...Sept années après son retour [d'Espagne], l'Abbé Hugues [de Cluny] le prit avec lui lors d'un voyage dans la région de Toulouse, pour y organiser un nouveau monastère. Profitant de la proximité des Pyrénées, Anastase se retire avec l'assentiment de son abbé sur la montagne "Abriscola, proche de Pamiers, pour y célébrer le Carême dans la solitude. Il y vécut trois ans, édifiant le peuple par sa vie et ses paroles. Rappelé par une lettre de l'abbé Hugues, il se remit en route vers son abbaye. Après une halte dans l'église de Frédélas [Pamiers] où il procéda à la translation du corps de Saint Antonin, il parvint jusqu'à l'église de Saint-Martin d'Oydes. C'est là qu'il mourut, entouré de la vénération de tous, et son corps ne tarda pas à y opérer des guérisons miraculeuses..."
La mort d'Anastase ayant lieu en 1085, son séjour dans la montagne s'étend donc sur la période 1082-1085. Le texte du manuscrit précise:
"Il choisit pour y habiter un sommet très élevé, qu'on appelait Abriscola, parce que dans sa région, il dominait toutes les autres cimes.[...] Alors, entre le froid et les neiges éternelles, il servait le Seigneur."
Jusque là, rien de vraiment spécifique à notre pic. Le nom du lieu indiqué ne
correspond pas, et il pourrait tout aussi bien s'agir de n'importe quel autre
sommet des environs. En revanche, aucune montagne des alentours ne portant
de nos jours un nom clairement apparenté à celui-ci, on
peut admettre que cela n'écarte pas non plus formellement le pic.
De plus, certains éléments textuels sont compatibles avec l'identification
"Abriscola"="Tabe": il est précisé que c'est une montagne proche de
Pamiers, que ce sommet domine tous les autres dans la région, et
qu'il abrite des neiges éternelles. Tout cela semble exclure
une quelconque éminence des environs immédiats de la ville de
Pamiers, car cette ville est située dans la basse plaine de
l'Ariège et n'est entourée que de modestes collines.
Ce qui est certain en revanche, c'est que la montagne qui domine
visuellement toutes les autres lorsqu'on se trouve dans la région
de Pamiers, c'est clairement la montagne de Tabe. C'est aussi la haute
montagne la plus proche de Pamiers. Parmi les montagnes les plus
proches de Pamiers elle est la seule à être sufisamment élévée
et escarpée en son versant nord pour conserver de la neige durant une bonne
partie de l'année. Le massif de l'Arize, qui lui fait pendant à
l'ouest de l'Ariège, beaucoup moins escarpé et moins
élevé (1715m) ne conserve pas de neige au-delà du printemps.
Enfin, on ne saurait ignorer que durant tous les temps anciens,
la montagne de Tabe passa pour dominer tous les autres dans les Pyrénées (cf. la citation
d'Olhagaray en frontispice du présent site, par exemple), ce qui
correspond à la caractéristique donnée par le manuscrit.
Un autre élément troublant, est la mention d'un autel
dans le manuscrit de Gautier lors de l'installation de
l'ermite au sommet de la montagne:
"Laissant alors dans une église au pied de la montagne le frère qu'il avait emmené avec lui, il la gravit seul et y construisit avec des branchages une cabane étroite et un autel pour y offir le sacrifice".
On trouve ici la mention d'un autel au sommet qui sera
reprise dans les écrits ultérieurs à plusieurs reprises.
Au cours des siècles ultérieurs, un autel et une chapelle
seront très souvent signalés par les auteurs traitant du
sommet de la montagne. Or, à notre connaissance, aucun autre
sommet ariégeois n'a jamais porté d'autel, du moins dans
ces époques reculées.
Un certain nombre d'éléments semblent donc être compatibles avec l'hypothèse
d'un séjour sur la montagne de Tabe, mais aucune donnée ne permet
vraiment de pousser plus avant les conclusions, à ce stade.
Or, une série de titres de reconnaissance du fief du lordadais apporte
un éclairage intéressant sur ce point. Il s'agit d'une part d'un parchemin original
de 1316
et d'autre part d'une série, faite entre 1670 et 1671, de copies d'actes
datés de 1405,
1489
et 1535 (cliquer pour voir les extraits).
Ces titres contiennent une délimitation parfois très précise des limites de la
seigneurie du Lordadais. On y trouve les mentions suivantes:
- [...] a dito montes versus ecclesiam beati anastasi [...] (1316)
- [...] a la egliza de St Anastasi en loqual Esgliza est la crotz dels senhors de Lordat et de Mirapeis [...] (1405)
- [...] a la gliza de saint Anastasy en laqual Egliza est la crotz delz dectz (?) de senhors de Lordat et de Mirapeys [...] (1489)
- [...] al eglisa de sant nastasy en laqual Egliza est la crotz delz ditz senhor de Lordat et senhor de Myrapes [...] (1535)
Ces copies d'actes, effectuées en 1670-1671, ont peut-être servi
à l'élaboration du "dénombrement de comté de Foix" effectué en 1672,
recensement des fiefs, domaines et châtellenies
constituant le comté de Foix, ainsi que des instances qui président
à leur organisation (juridiction, fiscalité, ...). La partie qui
nous intéresse est celle qui décrit le Lordadais, châtellenie
dont la limite est précisément fixée, dans sa partie
septentrionale, par la crête sommitale du massif de Tabe.
Le manuscrit est daté de 1672, et on trouve une reproduction de son
texte original en français dans l'ouvrage de 1881, signé de C. Barrière-Flavy
et intitulé :
"Dénombrement du comté de Foix sous Louis XIV". L'ouvrage est
accessible en ligne sur le site Gallica
(voir une version numérisée du document,
notamment page 76).
Selon le texte du manuscrit, la délimitation du Lordadais dans sa
partie montagneuse suit une limite qui va
"... droit à la Lauzate, à Montfourcat, à pech de Cadenos, à pech
Galinas, et droit à la chapelle de Saint Anastase, qui est sur le sommet
de la montagne de Tabe, ou le Lordadais confronte avec la seigneurie de
Mirepoix,..."
La présence d'une église dédiée à Saint Anastase au sommet du pic de Saint-Barthélemy
ne semble donc faire aucun doute entre 1316 et 1672, ce qui tend à renforcer l'idée
que c'est bien au sommet de notre pic que s'était retiré l'ermite, d'autant que
la présence de "montjoies" sur le versant sud du pic suggère l'existence
de chemins de pélerinages à cet endroit. Il y a en effet sur le flanc sud du massif, le long des chemins qui
montent vers le sommet, des toponymes "montjoies" sur le cadastre
("Las Monjoyes", "La Minjoieta", "La Mounjoye"...) qui indiquent des bornes
ou stations le long des sentiers de pèlerinage (Baby, 1980).
La présence inhabituelle d'une église au sommet d'un pic et d'un chemin de
pèlerinage pour s'y rendre est tout a fait compatible avec la grande
dévotion dont avait joui l'ermite de son vivant, et peut-être
perpétuée dans les siècles suivants par ce pèlerinage.
L'auteur C. Barrière-Flavy hasarde dans une note de bas de page une hypothèse
qui, à la lumière de ce que nous savons par le manuscrit de Gautier, se revèle totalement érronée :
"La chapelle contruite sur la montagne et dédiée à saint Anastase, qui était
peut-être le saint des hauts sommets, de saint Anastase le Sinaïte, évêque
d'Antioche". C'est beaucoup plus probablement au Saint Anastase qui a séjourné ici (beaucoup
moins célèbre il est vrai), que la chapelle est dédiée. Comme le précise
d'ailleurs M. Arnoux : "Bienheureux obscur, sa réputation posthume de
thaumaturge ne dépassa pas les limites de Saint-Martin d'Oydes, et les
huguenots y mirent fin en dispersant ses reliques". Pas étonnant donc
qu'un auteur du XIXe siècle puisse faire cette confusion.
Le tombeau d'Anastase semble avoir fait l'objet d'une certaine
vénération locale (ou régionale sans plus). C'est sans doute
à cause de cette célébrité et de cette vénération que les protestants
profanèrent le tombeau et en dispersèrent les restes en 1574, lors
des guerres de religion.
Un troisième fait surprenant vient compléter le tableau : il se
trouve qu'une petite dizaine d'années avant la retraite d'Anastase,
en 1075 exactement, la propriété de tout le lordadais et donc du sommet de Tabe
a été transmise en donation par Roger de Lordat
à Hugues de Cluny et à l'Abbaye de Cluny
(voir une version numérisée du document).
Or c'est dans le cadre d'une mission clunisienne, et c'est accompagné
de Hugues de Cluny qu'Anastase se trouve dans la région. Dans cette
optique, Anastase aurait pu privilégier la montagne de Tabe
à toute autre pour son séjour, précisément du fait qu'elle
était en possession de son supérieur, qui l'autorisait
à effectuer cette retraite. De là à imaginer que le choix
du lieu ait pu se faire sur la base de la sainteté (Tabor)
et de la propriété toute fraîche, il n'y a qu'un pas.
Evidemment, nous ne franchirons pas ce pas en l'absence
d'élément plus probant, mais nous pensons que le détail
est suffisamment intéressant et significatif pour être
versé au dossier.
Cependant, malgré ce faisceau de détails assez concordants,
il convient de rester relativement prudent car
un point pose problème: la dénomination du lieu de l'ermitage
"Abriscola", qui ne correspond pas spécialement à la désignation de
notre pic. Cette dénomination est curieuse; d'une part, elle ne correspond
à aucun toponyme de la région que ce soit à l'époque ancienne ou actuelle;
d'autre part, le manuscrit de Gautier est absolument la seule source
à mentionner un tel toponyme. Tout cela est pour le moins suspect et
laisse la place à maintes hypothèses.
La plus simple est la suivante : la dénomination du manuscrit est correcte
et correspond à un lieu désormais inconnu, car peu après, elle fut remplacée
par une toute autre dénomination, et que la rareté des sources toponymiques de
l'époque ne permet pas d'assurer la traduction. Cette hypothèse est toutefois
peu probable, parce que la toponymie est généralement stable et
peu variable dans le temps, surtout pour des lieux peu dignes d'intérêt
(par exemple le toponyme attaché au mont Fourcat n'a jamais varié dans toutes
les sources connues, et ce sur une période de plusieurs siècles).
L'autre hypothèse est celle d'une lecture erronée du manuscrit par l'évêque
de Rieux. Le cas est très fréquent, étant donné la difficulté de lecture de
ces documents anciens, surtout s'ils fourmillent de caractères d'abréviation,
de passages peu lisibles, de grattages ou ratures
comme c'est fréquemment le cas. Le déchiffrement peut devenir très ardu
(comme en témoigne par exemple les blancs visibles dans la transcription latine
donnée par les Bollandistes). Cependant, même avec une lecture erronée, le
chemin semble long entre "Abriscola" et le nom de notre pic.
Une autre hypothèse encore, consisterait à envisager toute une série de
déformations (style téléphone arabe) entre les relations orales contemporaines
par les acteurs ou les témoins directs du séjour montagnard d'Anastase, et leur transcription par écrit sur le
parchemin par Gautier. Il s'est probablement passé une décennie entre les faits et leur récit, et Gautier
tient peut-être le lieu du séjour de la bouche d'intermédiaires de
seconde ou troisième main, n'ayant probablement pas participé personnellement à l'aventure
d'Anastase. N'oublions pas non plus qu'il y a l'obstacle
de la langue, Hugues et Anastase étant des locuteurs d'oïl, tandis que
les autochtones s'expriment en occitan. Les récits ont donc aussi certainement
transité par le latin, seule langue permettant la communication entre
la délégation clunisienne et le reste des protagonistes. On pourrait
alors hasarder une déformation/contraction successive, orale puis écrite,
de "Taburis Collam" ou tout autre combinaison voisine. Mais cela reste
à ce stade des connaissances, purement spéculatif.
Enfin, concernant la durée, et l'emplacement exact du séjour, malgré la
précision du manuscrit (trois ans, au sommet de la montagne, parmi les
neiges éternelles), il convient de rester là aussi très prudent. Cela
reste un récit ancien, avec toutes les approximations d'usage. Il est
impossible pour un être humain, surtout avec les moyens de l'époque,
de rester trois ans, été comme hiver, au sommet de la montagne
dans une cabane de branchages. Il suffit d'y passer une nuit en
septembre pour se rendre compte de l'impossibilité de la chose.
Il faut donc interpréter le récit dans une direction plus réaliste.
Il ne s'agit certainement pas d'un séjour ininterrompu, et la cabane
fut très probablement placée à proximité du sommet et non sur celui-ci.
Les possibilités pratiques les plus probables sont qu'il partagea
sa retraite de trois ans entre l'église au pied de la montagne (dans le
Lordadais ?), une cabane situé sous le sommet dans une zone relativement
protégée, et enfin de courts séjours vraiment au sommet lorsque le
temps le permettait. Dans cette optique, on pourrait envisager une cabane
sur la soulane, par exemple vers la Jasse de Sédars, ou vers les Etangs.
Notons que la mention "parmi
les neiges éternelles" semblerait plaider plutôt pour le versant nord, et
donc pour un lieu d'ermitage situé à proximité de l'un des trois étangs
qui s'étagent au pied du pic (il serait ironique
qu'Anastase ait élu pour séjour les rives de l'Etang du Diable...).
En tout état de cause, répétons le, un séjour de trois ans au sommet
est physiquement impossible, et le récit doit être interprété comme
recelant une part de fabulation ou d'exagération sur ce point.
Conclusion : Un faisceau d'éléments concordants semble plaider pour un
séjour érémitique plus ou moins prolongé d'Anastase sur la montagne de Tabe,
mais certains doutes subsistent et il serait utile de connaître
ce qui se cache véritablement sous le toponyme "Abriscola" mentionné
dans le manuscrit.
Avant de refermer cette page, on ne peut manquer de relier ces faits
historiques à certains prolongements en forme de légende. Il y a en effet,
attachée au massif de Tabe une légende concernant une ermite de la montagne.
On ne trouve trace de cette légende que dans l'ouvrage d'Aimé Sarda,
qui semble en faire plus une tradition orale (il se réfère aux anciens
et à sa grand-mère). Citons les principaux passages sur la question
dans son livre intitulé : "Le Tabor Pyrénéen":
"En des temps très anciens, vivait sur le massif de Tabe, un berger
nommé Barthélemy. L'été, il suivait son troupeau dans la Montagne,
couchant à la belle étoile parmi ses brebis, son chien blotti contre
lui. L'hiver, il descendait dans la vallée et s'abritait dans une grotte.
A l'entrée de celle-ci, il avait aménagé un corral avec des pierres
levées pour abriter ses brebis.[...] Des hommes venus d'ailleurs
avaient appris à Barthélemy l'existence d'un Dieu très bon, ayant
habité un pays lointain, du côté où le soleil se lève, mais que
des méchants avaient fait mourir en le clouant sur une croix.
Barthélemy était donc chrétien."
[Suit alors tout un récit sur un miracle dans l'église de Caussou :
Barthélemy pose son manteau et son bâton sur un rayon de soleil].
"Un jour d'autres étrangers vinrent dans le pays parler à Barthélemy
et à tous les bergers de la montagne, de ce même Dieu à la fois si bon
et si puissant qu'il avait eu le pouvoir de tout créer, le ciel et la
terre, le jour et la nuit, le soleil et les tempêtes, le bien et le mal.
Ne pouvant admettre, dans sa logique simpliste, qu'un Dieu bon ait
introduit le mal dans sa création, Barthélemy contesta, s'obstina dans
sa contestation, puis se rebella. Il fut conduit de force sur la crête
du massif, abandonnant ses brebis à la seule garde de son chien.
Et là il fut enchaîné à un rocher, dépouillé de sa roupe et abandonné,
sans eau et sans nourriture, à une mort certaine. Pendant trois semaines,
il lutta violemment pour se libérer de ses chaînes dont on entendait
le bruit dans la vallée de l'Ariège et, au Nord, jusqu'à Mirepoix.
Au terme d'une longue et affreuse agonie, il rendit son âme à Dieu.
Le col où il mourut s'appelle, depuis lors, le "Col des Cadènes".
(en occitan, cadènes = chaînes). Il se situe à 1955 m d'altitude
entre le pic Galinat et le pic de Han."
"Légende et Histoire ont parfois des frontières incertaines? La légende
de Saint Barthélemy nous place d'emblée dans la christianisation du pays."
S'ensuivent tout un tas de considérations sur la christianisation.
"[...] Le Saint du calendrier romain dont la fête est célébrée le 24 Août,
est-il le berger du Tabor des Pyrénées ou le Bartholomé de la Bible, l'un des
douze apôtres qui s'en alla prêcher la doctrine du Christ sur les rives
du Gange et de l'Indus ?
Ma grand-mère et les conteurs d'autrefois ne se posaient pas de telles
questions. Pour eux, il n'y avait qu'un Saint Barthélemy, celui qui
mourut enchaîné au Col des Cadènes".
Ce qui est intéressant ici c'est de voir que plusieurs éléments historiques
(un ermite, les cimes, la sainteté, les chaînes...) mystérieux et magiques aux yeux
des anciens se regroupent, se déforment et finissent par fusionner dans un récit
où des choses qui n'ont rien à voir entre elles s'emmêlent inextricablement.
D'autres éléments sont sans lien apparent ni avec les chaînes, ni avec l'ermite,
et appartiennent peut-être encore à une troisième histoire : la grotte, les
brebis, le miracle dans l'église de Caussou. En revanche, il est curieux de
noter que l'ermite est un Saint, même s'il y a erreur sur son identité.
La thématique du martyre semble surgir de nulle part, Anastase n'ayant
pas été martyrisé, mais au contraire vénéré même de son vivant. Mais
souvenons-nous qu'il fut en quelque sorte "martyrisé" cinq siècles
après sa mort, les restes de sa dépouille ayant été profanés et
dispersés. La légende a peut-être recyclé cet élément
historique (la profanation des reste) en le transformant en martyre
et en le combinant aux très anciennes chaînes de la montagne, dont
l'explication véritable, toujours restée mystérieuse pour les habitants
de la contrée, fut une source d'inspiration féconde pour les légendes
diverses.
Page créée le 25/09/2012.