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Faits et Vérités sur le Pic

Le Pic de Saint-Barthélemy n'est pas la montagne la plus fameuse des Pyrénées; il faut donc réparer cette injustice criante, car, par sa perfection et ses caractéristiques, elle ravale les autres sommets pyrénéens au rang de triste banalités.

Qu'on en juge !!!!


Orthographe:

Sachez d'abord que le nom "Barthélemy" ne prend jamais d'accent sur le dernier "e", que ce soit pour les massacres comme pour les montagnes. A noter que le tiret est également de rigueur dans "Saint-Barthélemy".


Perfection:

Le Pic de Saint-Barthélemy, c'est LA montagne parfaite: la preuve si on demande à quelqu'un "dessine-moi une montagne", eh bien il vous dessine invariablement le Pic de Saint-Barthélemy: flancs bien droits et symétriques, pointe bien piquante. La figure suivante démontre cette assertion d'une manière quasiment scientifique:

 

Pic de St-Barthélemy (vu du nord) Montagne idéale (vue de face)

 

Les autres montagnes des Pyrénées souffrent d'imperfections rédhibitoires, qui rendent leur notoriété plus que suspecte, au point qu'on soupçonnerait aisément quelque corruption pour figurer en bonne place au hit-parade:

- Le Pic du Midi de Bigorre est arrondi au sommet comme une vieille motte de beurre, et puis toutes ces antennes...
- Le Pic du Midi d'Ossau est fendu par le milieu; bien sûr, il va bientôt s'écrouler. Un véritable bonnet d'âne qu'il est même offensant de dévisager.
- Le Vignemale est déjà tout déjeté comme un vieillard, idem pour la prétentieuse Dent d'Orlu qui du haut de ses 2222m essaie de faire bonne figure à proximité de notre divinité tutélaire.
- La Maladeta et l'Aneto, parlons-en! des amas de cailloux qui émergent à peine d'une perpétuelle gangue de neige sale.
- Le Canigou: ce n'est pas la montagne, c'est encore la mer, et le profane ne parvient même pas à le distinguer de ses voisins dans le massif;
 

Bref, il n'y a que l'élégant Cap de Bouirex, situé 55km plus à l'ouest, qui pourrait espérer rivaliser avec le Pic de Saint-Barthélemy pour la première place dans le Gotha des Pyrénées, mais avec ses pauvres 1873m, ce freluquet devra manger encore beaucoup de soupe pour soutenir la comparaison avec les 2348 m de Sa Majesté en pleine maturité.

Dans le reste du monde, il n'y a guère que le Mont Fuji ou le Kilimanjaro pour tenir la dragée haute à notre emblème Ariégeois.

 


Une chapelle au sommet

 

Peu de montagnes peuvent se targuer d'abriter une chapelle en leur sommet, et ce, depuis des temps immémoriaux. Mais, au Pic de Saint-Barthélemy tout est possible, et cette montagne est l'une des rares à avoir ce privilège, ou plutôt, à "avoir eu" ce privilège, car cette chapelle est aujourd'hui disparue. Cette chapelle au sommet du Pic était bien sûr dédiée à ... Saint-Barthélemy (après avoir été dédiée à Saint-Anastase à l'origine, semble-t-il). Il y avait d'ailleurs autrefois un pélerinage annuel qui amenait les fidèles de la région jusqu'au sommet, le jour de la Saint-Barthélemy (24 août) et la nuit précédente. La date de contruction et la date de la disparition de la chapelle nous sont toutes inconnues. Seule certitude pour l'instant (et encore): l'emplacement de cette chapelle, puisqu'il semble qu'il faille en voir la trace dans une sorte d'excavation rectangulaire adossée au rocher à une trentaine de mètres au sud-ouest du sommet, c'est à dire à proximité immédiate de l'orry qui existe actuellement. Le fond de cette excavation est encombré de grosses pierres, signe possible de murs effondrés... Nous en préciserons les dimensions en prenant des mesures lors de notre prochaine ascension du Pic.

Il faut savoir que Saint-Barthélemy (l'un des douze apotres, Bartholomée, de son vrai nom) était très révéré dans toute l'Ariège, comme en témoigne le grand nombre de lieux de cultes qui lui sont dédiés dans la région. On remarquera aussi la célèbre Chapelle de Saint-Barthélemy, située sur un promontoire élevé, presque en vis à vis de notre Pic, à une dizaine de kilomètres en direction du sud-ouest (sur la commune de Larcat). La présence de cette chapelle, dédiée à ce saint, en ce lieu précis n'est d'ailleurs pas le fruit du hasard: cette chapelle aurait été construite pour remplacer l'originale, jugée trop difficile d'accès.

Je vous propose plus de détails sur cette chapelle au sommet du Pic de Saint-Barthélemy (historique, récits, références,...) si vous êtes intéressé par le sujet.

 


L'intérieur de la montagne

Sachez que le Pic de Saint-Barthélemy n'est pas une montagne comme les autres: elle est faite (en partie) de talc à l'intérieur. Le talc est une pierre très spéciale: si on la touche avec la main, on a la peau qui devient toute douce! Pourquoi? Parce que lorsqu'on la frotte, cette pierre produit une poudre qui rend doux tout ce qu'elle touche.

Bref, une pierre magique, donc ... une montagne magique.

On peut ramasser des pierres de talc en deux endroits lorsque l'on monte au Pic:
- Sur le versant sud, dans la carrière de Trimouns (près des cols de Trimous et de la Peyre).
- Sur le versant nord, au pied de la carrière de Fangas (au dessus de l'étang de Moulzoune, attention certaines zones sont d'accès interdit à cause d'éboulement).

 


Géographie:

Le Pic de Saint-Barthélemy est une montagne vénérable car elle date de l'ère primaire, contrairement à la plupart des autres sommets pyrénéens qui ne sont que de l'ère tertiaire.

 


Mesures altimétriques: un point géodésique de "premier ordre"

Après une mesure ponctuelle de notre pic par François de Plantade durant le premier tiers du XVIIIe siècle, les premières mesures géodésiques visant à effectuer un "nivellement général", c'est à dire une détermination de tous les principaux sommets de la chaîne des Pyrénées, remontent aux travaux du géodésien H. Reboul, assisté de l'astronome J. Vidal, entre 1787 et 1789.

Dès ces premières mesures géodésiques, le Pic de Saint-Barthélemy a été considéré, de par son panorama, comme "point géodésique de premier ordre", c'est à dire un point nécessaire à la triangulation principale. Pour le Pic de Saint-Barthélemy, Reboul avait trouvé une élévation de 2322.5 m par des mesures effectuées le 9 septembre 1789 "à la Montagne d'Appy, Tabe, ou St-Barthélemy", et vérifiées par Vidal (cela ne rehaussait que de quelque mètres la mesure de Plantade qui était de 2319 m). Ensuite ces deux mêmes scientifiques avaient entrepris une nouvelle campagne de mesures, plus précise, entre 1816 et 1817, dont les résultats ont été cités par plusieurs auteurs. Le statut de "point géodésique de premier ordre" dont a joui dès le début le Pic de Saint-Barthélemy, fait qu'il a été toisé à chaque nouvelle campagne de mesure.

Ensuite, il faut savoir que le Pic de Saint-Barthélemy a reçu l'insigne honneur de faire partie de la petite centaine de points remarquables choisis de part et d'autre du "méridien de l'Observatoire" pour mener à bien "la mesure du monde", comme disaient les révolutionnaires, ceci afin de définir une unité de longueur totalement nouvelle et "universelle": le mètre.

 

Il subsiste au sommet du Pic de Saint-Barthélemy plusieurs vestiges des diverses campagnes de mesures:
- Une inscription "CADASTRE 1828" gravée sur la paroi sud-est du rocher sommital. Cette inscription se rapporte probablement aux expéditions de relevés à petite échelle qui furent mise en place et réalisées per des géomètres à la suite des grandes opérations géodésiques dirigées par Corabeuf.
- Une embase cimentée, en forme disque plat de 50 cm de diamètre avec une dépression en forme de cupule en son centre, cette dépression ayant probablement servi à caler l'extrémité inférieure d'un mât servant de signal. Cette embase cimentée porte l'inscription "S.G.N. 1939".
- Une ébauche d'inscription "CADA" sur le rocher tabulaire qui couvre la partie orientale de la plateforme sommitale.
- un petit triangle gravé dans la pierre à quelques mètres vers l'ouest.

Ces vestiges sont remarquables et très rares, car en général, les géodésiens sont des gens très discrets, dont le passage au sommet des montagnes laisse peu de trace (néanmoins, on relève parfois sur les sommets, une pierre sculptée en forme de borne cubique, avec une croix en forme de X sur sa face supérieure, servant à indiquer avec précision la position du signal).

 

Je vous propose plus de détails sur la géodésie et le rôle qu'y a joué le Pic de Saint-Barthélemy (contexte, historique, références,...) si vous êtes intéressé par le sujet.


Les à-côtés du Pic:

Le Pic de Soularac: mépris légitime ou injustice ?

Curieusement, le Pic de Saint-Barthélemy, bien qu'emblème incontesté de la région, n'est pas le point culminant du massif auquel il appartient: en effet, le Pic de Soularac, distant d'à peine 800 mètres à vol d'oiseau vers l'est, le surpasse de 20  bons mètres en altitude (2368 m au lieu de 2348 m).

Pourtant, le Pic de Soularac est constamment laissé dans l'indifférence et dans l'oubli. Sur les cartes, c'est à peine si le Pic de Soularac est mentionné, en petit caractères, quand son illustre voisin, bien qu'inférieur en hauteur, se pare de majuscules soulignées de rouge. De la vallée, alors que l'on aperçoit les deux rivaux tout aussi bien l'un que l'autre, le villageois dit "Regardez comme on voit bien le Saint-Barthélemy aujourd'hui...". Une sorte de cécité subjective fait qu'on ne voit même plus le rival délaissé. De même, le promeneur qui se lance à l'assaut du massif, gravit invariablement notre Pic, laissant dédaigneusement son voisin dans le morne isolement des terres inviolées.

D'où vient cette étrangeté? difficile de trancher avec certitude. Ce n'est pas une question de visibilité, car il n'est pas un seul endroit dans la région d'où l'on voie le Saint-Barthélemy sans apercevoir aussi le Soularac. Le Pic de Soularac n'est donc pas un de ces géants cachés que l'on ne découvre que du haut des cimes. Peut-être faut-il s'en remettre à la raison de la pureté des formes, car sur ce point l'avantage revient très clairement à notre Pic. Une autre raison possible résiderait dans le mystère de ce nom, Saint-Barthélemy, si étrange dans la toponymie pyrénéenne, et évocateur de possibles légendes immémoriales, qui auraient pu avoir eu notre Pic pour cadre... On dit aussi que le panorama du Soularac n'est que le pâle reflet de celui que l'on peut admirer du haut du Pic de St-Barthélemy. Ce dernier point s'est aggravé depuis le XXe siècle, puisque la carrière de talc de Trimouns défigure tristement le flanc et le panorama du Pic de Soularac.

Toujours est-il que le défenseur des causes perdues, le réparateur des honteuses injustices mènera ses pas et sa préférence vers le Soularac, tandis que celui pour qui priment les traditions et les mystères inexpliqués restera fidèle au Saint-Barthélemy.

Les carrières de talc de Trimouns:

Ces carrières fonctionnent jour et nuit l'été, car on ne peut pas extraire le talc l'hiver, à cause du froid et de la neige. Elles sont situées dans les flancs même du massif, plus exactement dans les pentes du Pic de Soularac. Le talc est une pierre qui nous rend de grands services tous les jours, mais cette carrière, la plus importante au monde, défigure les flancs de la montagne d'une grande balafre blanche.

Les carrières de talc de Fangas:

Situées sur le flanc opposé du massif (côté Lavelanet), ces carrières de talc sont abandonnées depuis 1976. Quelques vestiges de l'industrie minière subsistent encore sur place, mais il sont peu à peu effacés par le temps. Il est rassurant de voir la nature reprendre ses droits et reverdir gradins de la carrière, formant ainsi de vaste pelouses étagées.

Le double cromlech du col de la Peyre

Il existait au col de la Peyre (au pied du pic de Soularac) un ensemble de monuments mégalithiques exceptionnel comprenant au moins un menhir, un dolmen, et enfin un monument rarissime: un double cercle de pierres dressées. Ces monuments témoignaient certainement d'un culte important qui se pratiquait en ce lieu dès les époques néolitiques ou chalcolithiques. Ces monuments mégalithiques sont aujourd'hui disparu.
Pour en savoir plus sur ce sujet: plus de détails sur le double cromlech du col de la Peyre .

Les mégalithes du massif de Tabe

Il est souvent fait référence, dans les écrits sur la région, à l'extraordinaire richesse du massif en monuments et vestiges de la civilisation des mégalithes. Les contreforts et la zone sommitale présentent en effet un nombre important de ces vestiges, parfois rarissimes, comme le double-cromlech évoqué juste au-dessus, ou étonnant comme la fameuse et mystérieuse "main du Morenci".
Pour en savoir plus sur ce sujet: plus de détails sur les mégalithes du massif de Tabe.

La Fontaine intermittente de Fontestorbes :

Cette "source" au débit très important se situe à Bélesta, au nord-est de notre Pic. Sa particularité est d'avoir un débit intermittent (sauf pendant l'hiver): elle est presque tarie pendant environ vingt minutes, puis elle gonfle peu à peu pour devenir un véritable torrent, grondant et dévalant la courte pente qui la sépare du lit de l'Hers.

Pour le principe de fonctionnement de la fontaine intermittente, on peut proposer une explication simple (cf le lien ci-dessous), qui vient naturellement à l'esprit, et qui repose uniquement sur la combinaison d'un siphon et d'une conduite forcée. Cette explication simple a été décrite pour la première fois semble-t-il par Darcy (1857) mais elle n'est pas confirmée officiellement de nos jours. Elle semble même être contestée, notamment par depuis les travaux d'un chercheur du CNRS du Laboratoire de Moulis, A. Mangin dans les années 1970, qui suggère un nouveau modèle. Toutefois, je n'ai pas réussi à me procurer un schéma ou des explications claires sur le nouveau principe proposé, ni sur les raisons qui rendent contestable l'ancien principe décrit initialement par Darcy.

Je vous propose plus de détails sur le principe de fonctionnement (explication, schémas, gravures, historique, références,...) si vous êtes intéressé par le sujet.

Gorges de la Frau:

Ces gorges donneraient logiquement accès à la partie supérieure du plateau de Sault (Comus, Camurac, Prades, Montaillou) si les cinq derniers kilomètres n'étaient pas encaissés au point de laisser à peine la place pour un modeste sentier. Pour atteindre ces villages, il faut donc faire un grand détour par Belcaire, ou par Ax les Thermes.


Page mise à jour le 10/02/2007.